LES FTP-MOI À PARIS ET EN RÉGION PARISIENNE

L'organisation

Dans le contexte de la rupture du Pacte germano-soviétique, le PCF se lance dans la lutte armée à l’été 1941.

À Paris, trois structures mènent alors le combat : les Bataillons de la jeunesse, l’Organisation spéciale (OS) et l’OS-MOI composée d’étrangers. Une réorganisation s’opère avec la fusion des structures en une seule, les Francs-Tireurs et Partisans (FTP), en avril 1942.

La branche des FTP-MOI s’organise sous la responsabilité de Boris Holban. Autour de la direction et de services annexes, des détachements se mettent en place où se répartissent les groupes de langue de la MOI : Bulgares, Roumains, Hongrois, essentiellement juifs, puis Arméniens dans le 1er détachement ; les Juifs polonais forment le 2e détachement ; les Italiens et quelques Français se rassemblent dans le 3e détachement ; l’ancien combattant de la guerre d’Espagne Joseph Boczor regroupe les « dérailleurs » dans le 4e détachement.

En juin 1943 est mise sur pied une « équipe spéciale » en charge des opérations les plus spectaculaires.

LES ACTIONS

Les actions des FTP-MOI sont multiples : exécutions individuelles de militaires allemands, attaques contre des groupes de soldats dans les rues, bombes dans les hôtels réservés par l’Occupant, vols d’armes ou simplement de vélos.

L’efficacité militaire reste limitée, loin des bilans annoncés dans les communiqués clandestins.

Mais l’essentiel est bien sûr dans l’impact politique, en montrant que la Résistance est bien présente dans la capitale et qu’elle vise en particulier l’Occupant, largement honni par la population.

LA TRAQUE ET LES CHUTES

La préfecture de police de Paris institue une brigade spéciale en mars 1940 au sein des renseignements généraux pour surveiller les militants communistes.

Mais c’est en août 1941 qu’elle est réactivée, sous l’égide du commissaire Fernand David, afin de contrer le PCF engagé dans la lutte armée.

En janvier 1942 elle est même, dédoublée, David et la BS1 se chargeant de la répression des menées politiques, René Hénoque et la BS2 visant les « communo-terroristes », selon leur expression.

La collaboration des polices allemande et française est officiellement scellée et amplifiée par les accords Oberg-Bousquet de l’été 1942.

LES FILATURES

Face aux FTP-MOI, les méthodes sont constantes : le repérage, les longues filatures, une rafle collective le moment venu, l’interrogatoire avant la livraison aux Allemands. Les arrestations récurrentes et massives sont le résultat de ces méthodes et de leur efficacité.

Le démantèlement des FTP-MOI trouve sa source principale dans les trois filatures qui se succèdent de janvier à novembre 1943.

La première part du groupe politique des jeunes Juifs, dirigé par Henri Krasucki, âgé alors de 19 ans. La deuxième filature, qui dure d’avril au début du mois de juillet 1943, se clôt par des dizaines d’arrestations : le groupe politique de la MOI et le 2e détachement (juif) des FTP-MOI sont démantelés.

Enfin, fin juillet, s’enclenche la troisième filature qui va durer jusqu’à la mi-novembre 1943 et aboutir au démantèlement de ce qui reste des FTP-MOI parisiens, le chef militaire, Missak Manouchian, étant arrêté lors d’un rendez-vous avec son supérieur, Joseph Epstein, le 16 novembre à Évry, Petit-Bourg. Dans la foulée, toute la direction des FTP parisiens, dirigés par Epstein, tombe.