Les autres branches de la Résistance

LE TRAVAIL ALLEMAND

Le Travail allemand (TA) est créé par le PC pour diffuser de la propagande antinazie au sein des troupes d’occupation. 

Propagande, recrutement et infiltration sont au cœur de l’action du TA et sont étendus à la zone sud après novembre 1942.

Son activité la plus singulière est l’œuvre d’un groupe de jeunes femmes juives germanophones sous la direction d’Irma Mico.

L’ACTION ARMÉE EN PROVINCE

Les spécificités régionales combinées aux affectations décidées par la direction de la MOI, puis les chutes intervenues à Paris, expliquent les variantes entre les différents groupes FTP-MOI qui s’organisent en zone sud après son occupation par les forces allemandes.

La première action du groupe Carmagnole, à Lyon, date du 11 novembre 1942.

La lutte armée s’amorce à Grenoble grâce au groupe Liberté, en mars 1943, et à Marseille avec la constitution du détachement Marat.

Plus que les groupes parisiens, ces trois formations sont composées de militants issus de différentes immigrations qui agissent ensemble, avec de forts noyaux juifs dans chacune.

Chacun de ces groupes a joué un rôle important dans les combats de la Libération.

LES MAQUIS

Quand on parle de maquis, on ne peut évidemment pas faire l’impasse sur les combattants espagnols, si nombreux à la frontière des Pyrénées depuis la défaite de la République.

Il faut citer aussi les maquis allemands de la région, qui ne sont d’ailleurs pas composés que d’Allemands.

C’est en avril 1943 qu’avec quatre de ses camarades allemands, l’ancien d’Espagne Otto Kühne, député communiste avant l’accession au pouvoir d’Hitler, fonde un maquis dans l’Aubrac, avec le soutien de l’Armée secrète.

On n’oubliera pas non plus le cas des prisonniers de guerre soviétiques transférés à Paris, dont quelques milliers ont rejoint les maquis, recrutés pour beaucoup via la MOI.

CONTRE LES PERSÉCUTIONS : PROPAGANDE ET SAUVETAGE

Avec la mise en œuvre de la « Solution finale » voulue par les Allemands et lancée au printemps 1942 mais cogérée par l’État français, le camp devient l’antichambre de la mort, y compris en zone non occupée jusqu’en novembre.

Cependant, la zone sud a pour singularité d’abriter dans ses camps des œuvres d’assistance qui vont avoir un rôle décisif dans la résistance de sauvetage.

C’est l’esprit qui est majoritaire au sein du comité de coordination des œuvres, dit «comité de Nîmes», soutenu financièrement, le Joint (AJJDC), une organisation juive américaine.

L’OSE (Œuvre de secours aux enfants), les Quakers, la Cimade, le Secours suisse aux enfants, etc. vont jouer un rôle capital dans ce sauvetage.

LE RENSEIGNEMENT

Sans surprise, la France, principal pays occupé par l’Allemagne, a été un terrain privilégié pour l’action des services de renseignements.

Les Britanniques, via le MI6, et la France libre, via le BCRA, en savent quelque chose, qui eux, ont suscité et soutenu des réseaux comme Comète, Saint-Jacques, Alliance, et tant d’autres qui ont joué un rôle crucial dans le recueil des renseignements, l’organisation d’opérations secrètes en ce pays frontière, l’évasion et le sauvetage de pilotes alliés.

Dans ces réseaux, les étrangers sont nombreux. Ainsi à Francisco Ponzon Vidal, un anarchiste espagnol exilé en France, travaille aussi bien avec le contre-espionnage français, avec l’Intelligence Service en intégrant le réseau Pat O-Leary et, même avec, un réseau d’évasion belge.

Curieusement, les services soviétiques sont plus connus. En ce moment où il faut faire feu de tout bois, les frontières sont assez poreuses entre ces services et le PCF via la MOI.

C’est ainsi Louis Grojnowski qui sert d’intermédiaire entre l’Orchestre rouge de Leopold Trepper et le PCF, et Jacques Kaminski entre le réseau du français Robert Beck et le même parti. Efficacité et urgence obligent, sur fond de connivence politique.

LA FRANCE LIBRE

Deux moments sont à retenir pour qui souhaite mesurer le rôle des étrangers dans la France libre (FFL) : la drôle de guerre de 1939-1940 et le débarquement allié en Afrique du Nord. Nombre d’Allemands et d’Autrichiens, regardés avec méfiance par les autorités françaises, vont rejoindre la Légion étrangère, orientés vers l’Afrique du Nord, a priori loin du front. S’ajoutent quelque Espagnols, une demi-brigade ayant participé aux combats en Norvège, allant ensuite sur Portsmouth où ils rejoignent la France libre dès 1940 et combattent ensuite en Érythrée puis en Libye.

Après le débarquement anglo-saxon en Afrique du Nord, en novembre 1942, on comptera jusqu’à 5 000 volontaires dans trois bataillons, dont beaucoup d’Espagnols libérés des camps d’internement, mais aussi des Juifs d’Europe centrale et quelques centaines d’Arméniens. Les survivants de la très meurtrière campagne de Tunisie sont intégrés à la 2e DB du général Leclerc. Ils vont suivre Leclerc jusqu’à Paris et au-delà.

LES COMBATS DE LA LIBÉRATION

Les étrangers occupent une place importante dans la Libération. 

On oublie souvent la France libre mais, pour prendre le seul cas des Espagnols, on y trouve en particulier la 9e compagnie du 3e bataillon du régiment de marche du Tchad, dite la Nueve parce qu’elle compte 146 Espagnols sur les 160 hommes commandés jusqu’à Paris par le capitaine Raymond Dronne. Les premiers chars à entrer dans Paris, en août 1944, en sont issus. Dans la Résistance intérieure, les Polonais, liés au gouvernement polonais en exil, sont très nombreux dans le réseau F2 qui fournit des renseignements décisifs pour l’organisation du Débarquement. Le XIVe corps de guérilleros espagnols et ses quelque 4 000 combattants en juin 1944 participent largement à la libération du Sud-Ouest.

Que ce soit à Paris, Lyon, Marseille ou Toulouse, les survivants des groupes FTP-MOI continuent le combat dans le cadre des milices patriotiques. Six groupes de l’UJRE y comptent à Paris plus de 200 membres. Le groupe Carmagnole-Liberté lancent une insurrection à Villeurbanne soutenue par la population, stoppée quelques jours par la contre-offensive allemande. Enfin, des membres de la 35e brigade prennent une part active à la libération de Toulouse, comme le fait le groupe Marat à Marseille.