CAMPAGNE DE PROPAGANDE SUR L’AFFICHE ROUGE

« Une affiche parlante et singulièrement bien venue nous présente le palmarès hideux des plus célèbres “libérateurs” de l’armée du crime », peut-on lire dans Paris-Soir du 6 mars 1944. « Pas un Français parmi eux : en revanche, les Juifs polonais tiennent la vedette. Viennent ensuite les Juifs hongrois, des Espagnols rouges, des Italiens, et le bandit le plus redoutable, un Arménien. J’y insiste, rien que des étrangers ! […] C’est l’étranger qui commande, organise les attentats, pille, tue. » Cette immense affiche est en effet placardée sur tous les murs tandis qu’est diffusée une brochure qui accuse « 24 Juifs » d’avoir « assassiné 150 Français en l’espace de deux mois ».

Sur les ondes de la BBC et dans la quasi-totalité de la presse clandestine, la riposte porte l’accent sur le patriotisme français de l’ensemble de la Résistance, composée non pas de criminels mais de combattants qui luttent pour la libération de leur pays. Le Conseil national de la Résistance (CNR) dénonce un « effort fanatique pour déshonorer la Résistance française en la faisant passer pour l’œuvre de bandits de grand chemin ».

Les publications de la section juive de la MOI se distinguent : « Quoi d’étonnant que les Juifs rejoignent ceux qui combattent contre la barbarie et la tyrannie hitlérienne ? Libérer la patrie de l’outrage de l’envahisseur et hâter la fin des bourreaux sanguinaires de leurs coreligionnaires – tel est le noble but qui anime les combattants juifs », tout en réaffirmant que « la Résistance française est bien française, [même si] dans les rangs de cette Résistance combattent des milliers de Juifs français et immigrés ».