LES PROTAGONISTES

Boris Holban (1908–2004)

De son vrai nom Baruch Bruhman, Boris Holban est né en Ukraine en 1908. Émigré en Roumanie avec ses parents, il adhère au Parti communiste au milieu des années 1920 mais, après l’interdiction du PCR, il est arrêté et passe dix-huit mois en prison. Libéré, il est à nouveau clandestin, d’où une expérience qui sera décisive pendant la guerre.

Passant finalement en France en 1938, il s’engage dès la déclaration de guerre, est fait prisonnier en juin 1940 et s’évade quelques mois plus tard avec l’aide d’Irma Mico. Il entre dans la direction du groupe politique roumain de la MOI, s’engage dans la lutte armée et, en avril 1942, il est chargé de créer les FTP-MOI de la région parisienne.

Il en reste le chef militaire jusqu’en juillet 1943, remplacé alors par Manouchian. Il retrouve son poste après la chute de novembre. Participant aux combats de la Libération, il s’engage le 20 septembre dans le 1er régiment de Paris, devenu bataillon 51/22 et composé essentiellement de FTP-MOI. Il en prend la direction. Il rejoint ensuite la Roumanie, et occupe divers postes, comme militaire puis comme civil. Il s’installe à Paris en 1984 et, en 1989, publie un ouvrage de référence sur les FTP-MOI:  Testament.

Boris Milev (1903-1983)

Boris Milev est né dans un quartier ouvrier de Sofia (Bulgarie). Il doit rapidement subvenir aux besoins de sa famille et renonce à cultiver son goût pour le théâtre. 

Ses activités communistes lui valent une arrestation à Sofia, à la suite de laquelle il émigre en France (1925). Expulsé de France, puis de Belgique, il repart en Bulgarie, s’évade de la prison de Sofia et échoue à nouveau à Paris en 1936.

Interné comme communiste à la déclaration de guerre au camp du Vernet, puis au camp des Milles dont il s’évade, il dirige le groupe bulgare des FTP-MOI (juin 1942), puis devient le responsable politique du triangle de direction de l’organisation (janvier 1943-mai 1943) et, pour des raisons de sécurité, est ensuite affecté dans celui de la MOI du Nord-Pas-de-Calais.

Après la guerre, il repart en Bulgarie.

Joseph Epstein (1911-1944)

Joseph Epstein, né en Pologne dans une famille juive aisée, devient communiste à la faculté de droit de Varsovie. 

Il est arrêté, part en Tchécoslovaquie d’où il est expulsé, arrive en France en 1931 et y termine des études de droit. 

Membre des Brigades internationales dès leur création, il est grièvement blessé en Espagne, rapatrié en France, puis repart au combat.

Interné au camp de Gurs à son retour, il s’engage dans la division polonaise puis dans la Légion étrangère à la déclaration de guerre. Fait prisonnier par les Allemands, interné dans un stalag, il s’en échappe et arrive à Paris en décembre 1940.

Il y est responsable des groupes de sabotage créés par la CGT. En février 1943, celui-ci se faisait appeler Joseph Andrej au sein des Brigades internationales, se voit confier, sous l’alias Colonel Gilles, la direction militaire de l’ensemble des groupes FTP de la région parisienne.

Il est arrêté sous le nom de Joseph Estain le 16 novembre 1943 lors d’un rendez-vous avec Missak Manouchian. 

Condamné à mort par le tribunal allemand de Paris le 23 mars 1944, il est fusillé le 11 avril 1944 sans que sa véritable identité soit découverte alors que son rôle central au sein des FTPF (Francs-tireurs et partisans français) était connu.

Missak Manouchian (1906 -1944)

Missak Manouchian avait 9 ans quand, en 1915, il est confronté au génocide des Arméniens. Il y perd ses deux parents et est caché par une famille kurde avec son frère, Garabed, avant de rejoindre un orphelinat près de Beyrouth, pays passé sous mandat français, où il apprend la menuiserie  et la littérature française.

Il vient en France en 1924, vivant ensuite de petits métiers. Son frère meurt à son tour de tuberculose. Missak est dans la mouvance communiste dès 1931 et entre au PCF trois ans plus tard. Il devient permanent, en charge au sein des organisations de masse de l’immigration arménienne en France.

À deux reprises, en 1933 et en 1940, il demande sa naturalisation. Libéré après ses deux arrestations, en septembre 1939 puis en juin 1941, il rejoint bientôt la MOI dont il va diriger la section arménienne à Paris.

En février 1943, il rejoint les FTP-MOI, est nommé dans le triangle de direction début juillet avant de remplacer Boris Holban comme chef militaire. Arrêté le 16 novembre dans la rafle qui décime l’organisation, il est jugé et condamné à mort en février 1944 à l’issue du procès dit de l’Affiche rouge.

Le 21 février, il est exécuté avec ses camarades au Mont-Valérien.

Cristina Boico (1916-2002)

Cristina Boico, née Bianca Marcusohn en Roumanie dans une famille juive, adhère aux Jeunesses communistes à l’âge de 16 ans.

Arrivée en France en 1938, elle y entame des études de biologie. Dès septembre 1940, elle noue des contacts avec la Résistance dans le milieu étudiant à Paris, avant de rejoindre le service technique de l’OS-MOI au printemps 1941, puis de devenir permanente des FTP en 1942.

Elle crée avec Boris Holban, puis dirige, le service de renseignements chargé d’effectuer des opérations de repérage, avant d’assumer la responsabilité des FTP-MOI pour la zone nord.

Après un bref passage par la Radiodiffusion française à la Libération, elle regagne la Roumanie en mars 1946 où elle exerce différentes fonctions officielles jusqu’en 1987, date de son retour en France.

Golda (Olga) Bancic (1912-1944)

Golda (Olga) Bancic est la seule femme à être jugée dans le procès de l’Affiche rouge. Née dans une famille juive de Bessarabie, elle participe dès son plus jeune âge à des grèves ouvrières. Son activité communiste lui vaut plusieurs séjours en prison.

Elle émigre en France en 1938. Dès la défaite, elle s’affilie à la MOI, puis aux FTP-MOI,  où elle assure le transport des armes et des munitions, avant d’être chargée du dépôt des armements. 

Arrêtée par la brigade spéciale 2 en même temps que Marcel Rajman, le 16 novembre 1943, elle est jugée avec ses camarades et condamnée à mort.

Transférée en Allemagne, elle est guillotinée dans la cour de la prison de Stuttgart, les Allemands évitant d’exécuter des femmes en France.

Ferenz Wolf, dit Joseph Boczor (1905 - 1944)

Ferenz Wolf est né en Transylvanie dans une famille juive aisée. Engagé dans le militantisme communiste dès ses années de lycée, il poursuit des études de chimie à Prague et y obtient son diplôme d’ingénieur avant de devenir permanent du Parti en Roumanie.

Volontaire dans les Brigades internationales, il est interné à Argelès, puis à Gurs lors de la Retirada. Il devient le responsable du groupe hungaro-roumain de la MOI dans le camp et organise l’évasion, en avril 1941, de son groupe du train qui déporte ces « apatrides » en Allemagne.

Il rejoint immédiatement à Paris l’OS-MOI puis crée et dirige le 4e détachement des FTP-MOI, celui-ci des « dérailleurs », responsable d’une quarantaine d’actions.

Arrêté lors de la grande chute de novembre 1943, il est jugé avec les 23 « terroristes » de l’Affiche rouge et fusillé au Mont-Valérien, le 21 février 1944.

Marcel (Miezyslaw) Rajman, dit couramment Marcel Rayman (1923-1944)

Marcel (Miezyslaw) Rajman est né à Varsovie en 1923. 

La famille fuit les persécutions antisémites et s’installe rue des Immeubles-Industriels à Paris XIe, dans un milieu de Juifs communistes.

Très marqué par l’arrestation de son père en 1941, prévenu comme sa mère et son frère de la rafle de juillet 1942, il s’engage dans l’Union des Jeunes Juifs, dirigé par son copain et voisin Henri Krasucki, puis dans le 2e détachement des FTP-MOI.

C’est en juin 1943 qu’est constitué, « l’équipe spéciale » en charge des opérations les plus spectaculaires, comme l’exécution de Julius Ritter le 28 septembre.

Repéré et filé depuis de nombreux mois, il est arrêté le 16 novembre 1943 et fusillé au Mont-Valérien le 21 février 1944, à l’issue du procès de l’hôtel Continental, l’Affiche rouge. 

Rino Della Negra (1923- 944)

Le père de Rino Della Negra est venu en France après la Première Guerre mondiale pour aider à la reconstruction dans le Pas-de-Calais, où naît Rino en 1923.

Ils s’installent à Argenteuil, quartier de Mazagran, où les immigrés italiens sont très nombreux. L’immigration y est économique mais massivement antifasciste.

Ajusteur de formation, Rino est surtout connu comme un excellent footballeur à Argenteuil et est même recruté par le Red Star en 1942. 

Réfractaire au STO, il rejoint le 3e détachement des FTP-MOI parisiens et participe à de nombreuses actions, jusqu’à une attaque de convoyeurs qui tourne mal, le 12 novembre 1943.

Gravement blessé, il est jugé avec ses camarades et exécuté au Mont-Valérien le 21 février 1944.