
Nous vous proposons ici de découvrir des ressources (interviews, publications, etc.) autour du thème de l’exposition « Des Étrangers dans la Résistance en France ».
3 QUESTIONS AUX COMMISSAIRES
Il y a 80 ans, jour pour jour, Missak Manouchian a été fusillé avec 21 de ses compagnons de résistance au Mont-Valérien, comment retracer sa trajectoire ?
Denis Peschanski : Comment comprendre Missak Manouchian si on ne prend pas en compte le génocide des Arméniens ? Il est né en 1906. Orphelin du génocide arménien, il va se retrouver en France en septembre 1924, parce que la France a besoin de main-d’œuvre pour se reconstruire, ce n’est pas du tout un travailleur illégal. En 1934, il va adhérer au parti communiste et, à partir du 17 octobre 1939, il va s’engager jusqu’au début de l’année 1941. Et, sous l’occupation allemande, tout à fait naturellement, comme beaucoup d’étrangers communistes, il rejoint la résistance. Il rentre dans “le groupe de langue arménien de la main d’œuvre immigrée”, un groupe qu’il va très vite diriger. Il organise des actions de propagande, des actions extrêmement dangereuses. On jouait aussi sa peau dans la lutte politique ! Et, à un moment donné, parce que le parti communiste cherche à renforcer la lutte armée à Paris, Manouchian rentre en février 1943 dans les FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée).
Renée Poznanski : Comme d’autres résistants étrangers, juifs ou non, Missak Manouchian était très attaché aux valeurs de la France, la France des droits de l’homme. Comme ses camarades, il s’engage pour la France libre.
Début 1944, une affiche de propagande est placardée dans tout Paris. Quel est l’objectif de l’Affiche rouge ?
Renée Poznanski : Après des mois de filature par la police française, les membres du groupe Manouchian sont arrêtés, torturés et livrés aux Allemands. Et, après un procès en huis-clos, les 23 résistants sont condamnés à mort, 22 sont fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944. Olga Bancic, seule femme du groupe, est guillotinée dans une prison allemande de Stuttgart.
L’Affiche rouge est un outil de propagande sur laquelle figurent les visage de dix résistants des FTP-MOI. Sur les dix, sept sont Juifs. Les nazis et le régime de Vichy cherchent à diaboliser la résistance pour en faire une organisation criminelle menée par des Juifs communistes, des “bandits de grand chemin”.
Denis Peschanski : Les Allemands vont essayer de convaincre la population française que les résistants étrangers tuent des citoyens français, des innocents, qu’ils sont une menace pour la sécurité de la France. Rappelons que les FTP-MOI avaient une obsession : tuer des Allemands. Même les collabos français n’étaient pas dans leur cible.
80 ans après l’exécution des résistants de l’Affiche rouge au Mont-Valérien, pourquoi cette exposition mérite notre attention ?
Renée Poznanski : Dans cette exposition comme au sein des FTP-MOI, une mosaïque d’identités (des Arméniens, des Italiens, des Espagnols, des Roumains, des Polonais) se réunit autour de l’idéal de la France des droits de l’homme. Ces hommes et ces femmes qui ont résisté face à l’occupant nazi étaient animés par des valeurs résolument universalistes, par un socle commun.
Bibliographie
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